Docu, mon cul !

Va falloir faire une mise aux poings sévère…

J’en ai raz la casquette de voir passer des conseils d’aller voir tel ou tel documentaire… qui en fait ne sont pas des documentaires, mais juste des films de propagande.
En général ça se voit tout de suite, dès les premières minutes… La voix of, en général, bien virile, qui vous annonce que ce que vous allez voir , c’est du lourd, que ça n’a jamais été dit, qu’on vous l’a caché depuis si longtemps et qu’enfin vous allez savoir….
La voix of va vous accompagner tout le long du film pour ne jamais vous laisser le temps de réfléchir, de prendre un peu de distance…
Et puis il y a le choix des musiques, toutes plus angoissantes les unes que les autres et omniprésentes, sur n’importe quel plan, parfois même en continu derrières les interviews…
Les images sont partagées entre des tapis d’images chocs piquées ici ou là et qui forment ce que l’on appelle en terme de métier « un tapis d’images » qui permettra soit de faire de courtes pauses musicales sous forme de clips, soit d’accueillir la voix of et lui donner encore plus de crédibilité…
Le plus souvent les interviews plateau seront fait dans la pénombre…avec juste ce qu’il faut de lumière pour dévoiler .. la vérité…
Ha oui, parce que l’objet du soit disant documentaire, ne sera pas de vous faire réfléchir sur une question complexe qui comporte ses propres contradictions, vous exposant plusieurs thèses contradictoires, et vous apportant ainsi des éléments pour que vous construisiez votre pensée… Non on est en train de vous dire « la vérité ». Absorbez-là, ingurgitez là… c’est la vérité, vous n’avez pas le choix…
J’ai le souvenir , il y a plus de trente ans de débats dans le milieu des documentaristes (Lussas), pour tenter de définir ce qu’était un documentaire, à la différence d’un reportage par exemple…
La présence même de la voix off, était débattue… celle de la musique d’illustration, allant parfois jusqu’à des conceptions dogmatiques qui pouvait dire qu’hors du plan fixe point de salut… Sans parler de l’utilisation des plans de coupes… Bon, là faudrait presque faire de l’archéologie tellement tout ça semble oublié…
Puis il y a eu Arte, et les télés en général qui ont uniformisé tout ça. Dictant aux producteurs, donc aux réalisateurs des formes standards. avec entre autres des pauses toutes les 10mn maximum avec un tapis d’images d’une vingtaine de minutes, et d’une musique relaxante… Et en général à la fin du film, non pas un clap de fin, mais un clip de fin, en ramassant les images fortes déjà vues une première fois …
On reproche aux films complotistes de ne pas exposer de point de vues divergents, contradictoires, mais il faut admettre que c’est un faux procès. Dans ce que nous refilent les médias dominants aujourd’hui, il y a rarement l’exposé de thèses différentes…
Je ne vois diffuser ,en guise de documentaires aujourd’hui que des films qu ont le même format, utilisant les mêmes ressorts narratifs …L’image est nickel , le graphisme tiré à 4 épingles… oui c’est beau… On dit ça d’ailleurs, j’ai vu un très « beau » documentaire…
Donc pour moi l’arrivée en rafale de film complotistes ne sont que les enfants de cette évolution du documentaire qui est devenu juste une coquille vide parfaite techniquement, sans exigence politique et à qui on peut faire dire n’importe quoi, la forme admise, faisant passer n’importe quel fond…
Il y aurait un gros travail à faire pour remettre tout ça à plat, inventer de nouvelles formes, en cohérence avec un parti pris, d’émancipation, d’éducation populaire (même si ce mot…)
Je sais bien qu’il y a des incohérences, dans ce que je viens d’écrire… je fais un bout de chemin , à toi de faire le tiens…
J’ai écrit ce texte suite à un message d’un ami très cher qui m’invitait à aller voir un film qui avait cette forme décrite plus haut et que je ne supporte pas… Je ne tiens pas 5 mn devant mon écran…
Désolé

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