Couper la parole

Sur les plateaux télé, il y a des débats, où l’on se coupe la parole…
Que tu sois de droite de gauche, tu joues ce jeu-là en général sous l’œil complice du soi-disant animateur…
C’est le jeu de massacre où la parole est broyée, pour qu’elle ne soit à tout jamais crédible.
On réduit tout à un jeu de cirque, avec une prime à celui qui ose parler le plus fort, s’imposer aux autres, écraser le plus les autres.

Ce qui me fascine  c’est l’irresponsabilité de l’animateur qui te fais croire que c’est lui qui assure la fluidité des échanges. Il le fait, mais à temps partiel… Il laisse bien pourrir le situation, et intervient ponctuellement pour calmer le jeu, justifiant ainsi sa présence.

Il y a le sourire de Pujadas, dans le genre vicelard, qui semble nous dire « Qu’est-ce que je me fous de vous et d’eux en fait »

 

 

 

 

Mais en ce qui concerne les invité-e-s je n’en ai jamais vu un-e qui ,à moment ,devant le fait de ne pouvoir s’exprimer sans être interrompu, en appelle à l’arbitre, pour lui demander quelles sont les règles de prises de paroles.
En fait il n’y en a aucune, on fabrique à la chaîne des flots de paroles, mais il n’y a pas de règles et de gens qui les réclament.
J’en veux pour preuve, le plateau d’Arrêt sur Images, (oui c’est payant… mais des fois:) ) ou le débat portera sur ces fameux débats  https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/la-gauche-sur-les-chaines-dinfo-on-se-place-en-position-de-combat

On discute de façon passionnante avec trois femmes, dont une universitaire sur la façon dont ces débats se déroulent, on dissèque très finement les dispositifs… L’interruption de la parole est pointé comme l’indication d’un niveau de rapport de force, mais à aucun moment comme ne devant pas avoir lieu . Il y aura une séquence où l’oratrice de la France Insoumise se fait malmener… et à y bien regarder, je trouve presque qu’elle est malmenable  de par sa façon de participer allègrement au jeu de massacre… L’analyse qu’elle en fera étant sur le plateau d’ASI est limite d’une bêtise…

Je crois que la sensibilité que j’ai à cette question-là, me vient pour une bonne part des milieux féministes, avec cette phrase fétiche « Hè! On s’écoute » C’est tout simple, et ça tue littéralement toute cette merde.

« On s’écoute » c’est vraiment énorme, j’irais jusqu’à dire que c’est révolutionnaire…

Dans mes échanges privés, ça clive sérieux, il y a ceux et celles avec  qui on s’écoute, à tel point qu’au téléphone la personne qui parle est prête à s’arrêter immédiatement pour laisser parler son interlocuteur dès qu’elle l’entend émettre le moindre son.

Et puis il y a les autres qui ne t’écoutent pas, donc avec qui on ne s’écoute pas et c’est vite insupportable

Je reviens au début de mon texte… Qu’est-ce qui fait que les invité-e-s ne réclament pas ce comportement sur les plateaux?
 Pour que les coupes de paroles n’aient pas lieu, il faut que l’animateur prenne sur lui la responsabilité , si tant est que « l’écoute réciproque » soit accepté comme la base d’un débat, de distribuer la parole, de la limiter parfois.

Parce qu’il y a un phénomène bien pourri… En général, au début, les première prises de paroles se font relativement calmement, parfois je trouve qu’une des personnes à bien dit certaines choses et attire ma sympathie etc… puis au cours du débat la même personne , va se voir couper la parole, et au lieu d’en référer à l’arbitre pour demander un carton rouge, elle va ,à son tour, couper la parole, et ainsi légitimer à son insu ce mécanisme, de ce fait elle cautionnera à son insu ce type de cirque, dévaluant de fait la parole qu’elle porte.

Or, le fait de demander à respecter le « On s’écoute » serait politiquement très fort… Quitte, même à sortir du plateau.

Alors pourquoi cette soumission à ce dispositif. Pourquoi ce mépris de sa propre parole ?

Je crois que ça à voir avec certains modes de fonctionnement des systèmes politiques ou universitaires auxquels les intervenant-e-e appartiennent.. enfin, j’ai cette intuition…

Faudra que je creuse…

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