Adresse à ceux que la situation ukrainienne fascine

Sur l’excellent site Lundi.am , le genre d’article qui nous interroge sur notre fascination quand à la situation ukrainienne, j’en mets un bout, faudra aller voir le reste sur leur site :

Dans les coulisses des reportages de guerre…

paru dans lundimatin#333, le 4 avril 2022

Paul Dza est reporter indépendant, il revient tout juste d’Ukraine et nous a transmis ce témoignage de ce qu’il y a vu. Non pas de la guerre en cours mais de la manière dont celle-ci est couverte par les journalistes occidentaux sur place.

Photo : Foule de journalistes au cimetière de Lviv (Ukraine), mars 2022 – (c) Paul Dza

Ce texte est un témoignage se positionnant à chaud, en réaction aux fantasmes que le conflit ukrainien suscite chez certains. Entre amertume et dégoût, contre la fascination morbide qui monte.

Je me dois avant tout de préciser ma position : travaillant ponctuellement avec une agence photo, je ne me définis pas comme journaliste. À travers la photographie, je peux aborder mes sujets de prédilection situés dans l’espace post-soviétique. Mon travail s’inscrit dans une perspective d’observation, d’analyse et non d’illustration d’actualité “chaude”. Comme lors de chacun de mes reportages, je me suis rendu en Ukraine après une préparation minutieuse durant de longs mois.

Depuis le 24 février, date à laquelle la Russie a lancé son invasion de l’Ukraine, la densité d’informations à ce sujet n’a pas désempli. La violence destructrice apparaît sur nos écrans dans une accumulation continue d’images, des corps et villes méconnaissables aux foules de réfugiés à perte de vue. Ces scènes, on les a déjà vues des dizaines de fois, on pourrait presque les interchanger si ce n’est que la solidarité était… plus distante. On parle de “loi de la proximité” quant à notre indignation sélective, et elle n’est pas uniquement géographique : elle s’exprime aussi par la rapidité des flux d’information qui nous engloutissent. C’est ainsi la face la plus morbide de l’avancée technologique qui intervient : chacun peut vivre en direct et à la carte les drames de ceux dont il méconnaissaient l’existence jusqu’alors. Et de changer de page lorsque les images lassent par leur similitude. Dans ce flot médiatique incessant, déplaçant l’échelle de la souffrance, quelle place pour le recul ? Un patron d’agence peu scrupuleux déclarait récemment dans Le Monde que « pour un jeune photographe, un conflit à moins de 2000 kilomètres de chez lui, c’est quand même une occasion professionnelle ». Il convient donc de rappeler à celles et ceux qui, happés par l’héroïsation du conflit et poussés par des patrons sans état d’âme, en oublieraient que la guerre cela reste de la ferraille et de la pierre qui volent, des vies et des corps marqués, une part d’humanité anéantie.

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